mercredi 30 avril 2008

... et Dieu créa Docteur Lo


Pour quelle raison la chaîne des causes ne serait-elle pas infinie dans le
temps et la complexité? Cela contredit-il quelque loi de la nature? A
quel nombre de causes devrions-nous nous arrêter pour dire : "ça
suffit, je ne vais pas continuer à remonter dans le temps ad
infinitum, passons à un créateur sans cause"? Ceci n'est qu'une
échappatoire pour ceux qui ne supportent pas l'idée de l'infini. Soit
Dieu est immuable, et alors il ne peut créer, soit il est dans le
temps, et il n'est pas immuable. C'est bien là l'une des
contradictions auquelles conduit la notion de cause première.
Si l'on parle de principe créateur, on ne peut pas le laisser dans le
vague total. Il faut pouvoir en dire quelque chose. On ne peut pas
postuler l'existence de quelque chose sans rien avoir à en dire. Si le
principe créateur n'a aucune caractéristique, qu'il existe ou non ne
fait aucune différence, on peut aussi bien s'en passer, l'éliminer à
l'aide du rasoir d'Occam. Ce principe créateur est-il né de lui-même?
résulte-t-il de causes? est-il permanent? tout puissant?
S'il décide de créer, il n'est pas tout-puissant, car il est influencé
par le désir de créer. De plus, il a changé et perd ainsi son
immuabilité : avant, il n'avait pas le désir de créer, et maintenant il
l'a. S'il crée sans décider de créer, il n'est pas non plus omnipotent,
car il ne jouit pas de la liberté de créer ou de ne pas créer. Son
omnipotence est ainsi réfutée. Deuxièmement, un tel principe est-il né
sans cause, ou est-il sa propre cause? S'il est sa propre cause, il
est forcément immuable. Une entité existant d'elle-même n'a aucune
raison de changer. Ne peut changer que ce qui a été produit par autre
chose. Mais, s'il est immuable, il ne peut pas créer. Pourquoi? Parce
que quelque chose de permanent ne peut pas produire quelque chose
d'éphémère. De plus, s'il crée, il n'est plus immuable, car la
création implique le changement : il y a un acte créateur. Après avoir
créé, il ne serait plus le même : avant, il n'était pas créateur,
après, il l'est devenu. IL perd donc son immuabilité. La notion de
permanence rend impossible toute succession d'événements et de
conditions variés : un créateur immuable ne peut avoir deux états.
Enfin s'il crée, il doit être modifié en retour par sa création, car
toute création implique une interaction. Aucune cause ne pouvant être
unidirectionnelle, la causalité est nécessairement réciproque. Là
encore le créateur perd son immuabilité, et, du même coup, son
éternité. Rien ne peut modifier quelque chose d'immuable. Bref, ce qui
n'a d'autre cause que soi-même ne peut interagir avec quoi que ce
soit.

Ce désir de trouver un début
est fondé sur la conviction que toutes les choses existent aussi
réellement et solidement que notre esprit ordinaire les perçoit. Or,
si le début n'est pas nécessaire, le principe organisateur ne l'est
pas non plus. Comment pourrait-il organiser des phénomènes sans début?
Il ne pourrait tout au plus qu'en modufier le cours au fur et à
mesure.
Troisième argument : si ce principe créateur organise la totalité du
monde des phénomènes, il doit contenir en lui toutes les causes de ce
monde. Sinon, il exiserait quelque chose en dehors de sa création. Or,
le fondement de la loi de causalité est que, si un événement ne se
produit pas, c'est parce que certaines causes ou conditions font
défaut. Tant que toutes les causes et conditions ne sont pas réunies,
il est impossible qu'un effet se produise. A l'inverse, quand toutes
les causes et les conditions sont présentes, l'effet doit
nécessairement être produit. Si il ne se produit pas, cela voudrait
dire qu'il manque encore quelque chose. Donc, si un principe créateur
portait en lui toutes les causes et les conditions de l'univers, il
devrait sans cesse créer la totalité de l'univers. Un big bang
permanent, en quelque sorte. Il ne pourrait pas s'arrêter un seul
instant. S'il s'arrêtait, cela signifierait qu'il cesserait de contenir
dans son essence toutes les causes de la création. Il lui faudrait
donc l'aide soit d'un autre principe qui détiendrait une partie des
causes et dont il serait dépendant, soit d'un principe régulateur qui
mettrait un frein à la création. Dans tous les cas, il perdrait sa
toute-puissance. Il n'y a donc que deux possibilités : ou bien il ne
détient pas toutes les causes et les conditions, et il ne peut jamais
créer; ou bien il les possède toutes, et il crée tout continuellement.
Ce qui est absurde. De plus, si tous les événements de l'univers,
passés, présents et futurs, étaient simultanés du point de vue du
créateur, cela entraînerait un déterminisme absolu. Ce point de vue
rendrait vaine toute quête de transformation visant l'amélioration de
l'humain.

19 commentaires:

Louna a dit…

Passer de la sodomie à Dieu, c'est pas un peu violent comme transition ?

Je sais que certains me diront que non...

C'est un extrait du truc que tu prépares ?

bb a dit…

ça craint.
juste comme ça: relis ta première partie, il y a pleins de fautes de conjugaison, ça ne fait pas sérieux.

Anonymous a dit…

ca s'égare rapidement.

N'oublie pas que le temps n'est qu'un élément des choses.

Docteur Lo a dit…

Non, c'est vieux truc oublié qui trainait chez moi sur lequel je suis retombé, je ne savais pas quoi en faire... alors voilà ;-)
Le poste suivant sera pour SLO ;-D

Docteur Lo a dit…

bb > ha ouais merde... j'aurais mieux fait de le relir avant de le poster celui-là!... Je corrige ça ce soir.

Docteur Lo a dit…

Anonyme > Attention, je ne parle pas de temps mais causalité. Même si le temps est "élastique" cela n'empêche aucunement la loi de cause à effet. Cela dit, j'admets que dans le monde quantique de l'infiniment petit, ça ne tient plus la route.

Lyylyn a dit…

Tout cela semble supposer que le principe de causalité est absolu, à toutes échelles...

Pourtant, si l'on cherche à trouver un quelconque déterminisme -qui s'applique relativement bien aux phénomènes macroscopiques à notre échelle-, dans les échelles plus petites ou plus grandes que celles de nos vies de tous les jours, on échoue invariablement.

Le principe de causalité n'est pas respecté aux échelles quantiques, par exemple. Et l'approximation macroscopique des lois quantiques -utilisée largement dans nos vies-, ne reste qu'une approximation: les lois de la physique classique ne sont que des simplifications et élaguages très larges de lois et principes bien trop complexes à appréhender pour un système macroscopique complet.


En somme, je n'adhère pas à ce point de vue qui consiste à prendre le principe de causalité dans tous les sens pour en tirer des généralités à toutes échelles: Si Gérard a cassé le vase de Monique, c'est bien parcequ'il l'a bousculé (le vase). Mais plus profondément, les raisons qui ont poussé Gérard à effectuer ce geste (inconscientes ou non, le vase était dégueu, à sa décharge) restent de l'ordre chimique, voire atomique, et ne peuvent donc s'inscrire dans le principe de causalité que par une grosse et large généralisation et approximation de certains principes trop complexes à l'échelle de Monique (qui reste assez massive, comme échelle).


M'enfin c'que j'en dis, moi, hein...

Ceci étant, ca change des posts habituels, c'est amusant :)

Higgins alias Chacha' a dit…

J'aime beaucoup...
"ce n'est pas la religion qui fait l'homme, mais l'homme qui fait la religion" Marx

Anonymous a dit…

Un coureur voulant franchir une ligne d'arrivée doit il infiniment parcourir la moitié de la distance qui le sépare de l'objectif ? que vient faire l'infiniment petit dans un monde où toutes les quantités sont fixées et tous les éléments équilibrés ? attention je peux t'affirmer que si tu vas au bout de ces pensées tu finiras calciné ; lorsque tu voudras chasser la cendre, ce ne sera pas d'un balai que tu auras besoin.

Docteur Lo a dit…

Lyylyn > Je pense que c’est le contraire, le principe de causalité empêche justement toutes formes de déterminisme ! Mais, comme je le dis plus haut, je suis d’accord avec toi. A l’échelles quantique le principe de causalité ne tient plus la route. Quoique ! C’est le réductionnisme de la science occidental qui applique le « flou » quantique car incapable d’élaborer un théorie sans prendre en compte l’observateur. Le fait que les causes et les effets se mélangent dans le monde quantique reste avant tout de l’ordre de la théorie. Théorie efficace, je l’admets… et puis, il n’y en a pas d’autre pour définir l’infiniment petit et les effets qu’il produit sur le macroscopique.
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ton exemple du vase de Monique. Je ne vois pas en quoi il échappe au principe de causalité. A moins que tu sortes « la volonté » de Gérard du jeu de causes à effets. Pourquoi cette volonté (chimique ou non) n’en ferait-elle pas partie ?
Cela dit, c’est intéressant que tu dis à propos de la volonté de Gérard… C’est de l’ordre chimique selon toi ?

Karim a dit…

Toute réflexion sur le phénomène de causalité présuppose l'existence "d'objets", au minimum les éléments de langage permettant de l'exprimer.
Plus généralement, toute "théorie" présuppose également l'existence. Si rien n'existe il n'y a rien à dire...

S'il y a donc un principe premier ce ne peut donc qu'être l'Existence et ce principe ne peut avoir de cause que lui-même. D'ailleurs, poser le principe d'Existence implique l'existence de quelque chose (ce principe au moins). Donc en effet, l'Existence est bien à la fois cause et conséquence d'elle-même.
On peut rapprocher ceci du raisonnement de Descartes qui dit in fine que l'essence de Dieu c'est l'existence.
Bref, le monde n'est en fait qu'une entité unique ou chaque partie est équivalente au tout. Les différences n'existent qu'à l'échelle de notre conscience ou notre "moi" fait obstacle à notre dissolution dans ce grand ensemble. D'ailleurs, l'objectif ultime de la plupart des spiritualités est le retour vers cet état globalisé.

Bon tout ça est bien évidemment un peu rapide et mérite d'être approfondi mais là j'ai la flemme...

capitaine dobé a dit…

< karim

C'est peut-être la flemme de ta vie !

Anonymous a dit…

C'est moi Dieu!

rhaaaa!!
Je suis sur que c'est ma photo de bassiste nue qui l'a fait péter un plomb!!

cordialement
M!X

Ben a dit…

Interesting tout ça...une dose probabilité, beaucoup de chaos évolutif ainsi que quelques causes et effets émis par des consciences et nous voila sur terre !

Ben a dit…

Lo : Anthony Garrett Lisi, physicien, a mis en circulation sur Internet un document de 31 pages qui prétend contenir la théorie complète de l’univers :

“Une théorie du tout exceptionnellement simple” (AN EXCEPTIONALLY SIMPLE THEORY OF EVERYTHING)


pdf : http://arxiv.org/PS_cache/arxiv/pdf/0711/0711.0770v1.pdf

cv : http://sifter.org/~aglisi/Physics/CV.html

SERGE a dit…

Y a pas tout compris.
C'est à cause que je préfère la bibinne à la drogue ou quoi?

Genre, c'est bien là tip-top le genre de développement intellectuel qui peut être vachement aidé par quelques pillules. Alors que moi au bout de la 20ème bière, c'est plutôt "Dieu, enculé, viens ici que je te pète ta gueule d'arnaqueur, gros pédé, va..."

Anonymous a dit…

vous savez à quelle heure passe le facteur???

Pwasson Rouge a dit…

Merde, je suis tellement prise par mes propres devoirs que j'arrive pas à lire ton texte, mais j'y viendrai quand j'aurai fini mon compte-rendu...

Anonyme a dit…

BON DEPART